L’Argentine – Tournée 2007
L’Argentine une rencontre de nouveaux défis.
Le hasard d’une rencontre amicale nous a permis de connaître Gabriel Carron, prêtre valaisan. Depuis plus de 30 ans « ce padre » sillonne l’Amérique du Sud, avec un amour particulier pour les défavorisés de l’Argentine. A partir de son port d’attache qu’est la pastorale de Santa Fe et secondé par des équipes de bénévoles, il oeuvre sans relâche en faveur des détenus/es.
Lorsqu’il entend parler d’r2j, il est enthousiasmé. Une première rencontre en Suisse nous a permis de faire connaissance et d’apprécier réciproquement l’approche des milieux défavorisés. Dès lors, les conditions opportunes semblent réunies pour organiser la tournée de novembre 2007 qui, par la suite, démontrera sa pertinence.
Le rendez-vous avec le journaliste argentin Sergio Ferrari qui précède le départ est un encouragement certain pour le groupe en partance. Ainsi avec quelques connaissances de l’histoire comprenant mieux les hauts et les bas de la politique, nous nous aventurons à la rencontre de l’Argentine du Nord.
Le groupe de musique des Repris de Justesse trouve pleinement sa place dans les lieux où les personnes n’ont pas l’habitude d’être visitées ou de profiter d’un concert… juste pour réchauffer les coeurs.
Argentine 2007 : ça commence bien !
L’équipe R2J a pris 12 heures de retard au départ, manquant leur correspondance à Madrid à cause d’un départ retardé de Genève. Ils ont à peine le temps de poser le pied sur le sol argentin avant de faire la connaissance des prisons Argentines…
Mardi 13, nous sommes bien arrivés à Buenos Aires, par un temps très pluvieux qui ne nous a pas affectés vu la chaleur de l’accueil de nos partenaires locaux, et plus principalement de Patricia, notre correspondante depuis le début de la programmation de notre tournée.
A peine le temps de déposer nos affaires à la Casa Nazaret et nous voilà embarqués dans notre super Bus pour nous rendre à la première prison. Nous avons donné notre premier concert devant une septantaine de femmes détenues, dont beaucoup avec des enfants, et devant les gardiennes enthousiasmées de notre présence. Montage de la sono et du matos en un temps record (30 min), à défaut de cymbale nous mettons un couvercle de casserole trouvé par fortune et qui fait bien l’affaire.
Toute l’équipe est heureuse de ces moments forts en émotion, malgré la fatigue qui se fait ressentir.
Retour à la casa pour un bon repas Argentin.
Après une bonne nuit de repos, nous revoilà sur la route pour un 2ème concert dans une prison d’hommes de haute sécurité.
Kathryna et Nicola
Argentine 2007, 14 novembre 2007
14 novembre, concert dans la Prison Fédérale de Debotto
1200 détenus, la 2ème plus grande prison du pays. L’équipe a passé une bonne première nuit en Argentine – pas difficile après les heures d’attente, de vol suivi du premier concert dans l’après-midi.
Le p’tit déjeuner se transforme très rapidement en course à pied entre nos chambres et le car qui nous attend dans la rue. Le feu de la mission d’r2j s’est réanimé en quelques heures. Plus personne ne quitte sa chambre sans le passeport dans sa poche, et la bouteille d’eau sous le bras.
Après avoir traversé Buenos Aires, l’arrêt devant la prison s’avère interdit et le car nous dépose une rue plus loin. Le transport du matériel se révèle alors fort pénible, car les trottoirs sont hauts, l’eau de la pluie stagne, et les roues des chariots bloquent à tout moment… De multiples fouilles par petits groupes nous rappellent que nous sommes en train d’entrer dans une prison de haute sécurité. Après de sombres couloirs, chargés d’histoire, nous pénétrons enfin dans une salle claire, vitrée et très accueillante. Cet accueil est dû aux détenus qui, assis sur des bancs nous attendaient plus tôt et les applaudissements résonnent à la mesure de leur joie. Nous vivons un concert fabuleux avec ces 80 personnes. Leur enthousiasme nous fortifie à mesure que les morceaux de musique « remplissent » ces murs. Bien qu’éprouvés par la détention ils ont, pour le temps d’une heure, (la plupart) le sourire aux lèvres. Ils expriment librement leur reconnaissance, nous serrent les mains, nous embrassent. Les gardiens sont ici remplacés par les aumôniers.
Des expressions fortes du jour : Un détenu : C’est la première fois que mes larmes n’avaient pas le goût du sel.
Un autre nous confie qu’il aurait dû quitter la prison aujourd’hui, mais suite à un problème de papiers, ne pouvait partir ce qui lui a permis d’assister à notre concert, il était ravi.
Plusieurs : se sentaient très honorés en voyant notre matériel, qui à leur avis était destiné à des concerts dans des lieux publics.
Le directeur nous reçoit avant notre départ dans son bureau pour nous remercier chaleureusement.
Nous sommes très bien soutenus par l’organisation de la pastorale qui nous accueille et constatons avec plaisir combien notre tournée semble bien préparée.
Argentine 2007, 15 novembre 2007
15 novembre, Buenos Aires dans le soleil, et prison d’Ezeiza.
Il fait toujours assez froid mais le soleil est de la partie ce matin. Au centre-ville de Buenos Aires nous sentons enfin un air de début d’été. Un bon repas complète ce bonheur.
En début d’après-midi, un éducateur nous reçoit à la prison d’hommes d’Ezeiza.
Il nous conduit à pied à travers l’immense domaine de cette prison moderne. Ce pénitentier «offre» au détenu, formation, éducation et du travail de toute sorte, selon évaluation des besoins en entrant. A l’intérieur des barbelés ces derniers profitent d’une cellule individuelle de 2/3m avec toilette, lavabo, radio et petite télévision. Cette prison «de luxe» correspond à un projet pilote qui a vu le jour il y a 7 ans.
Une certaine tension et méfiance est perceptible, dues à de récentes violences dans d’autres lieux identiques. Sur deux concerts demandés par la pastorale, un seul nous est autorisé.
Nous jouons dans une salle de gymnastique habillée de tôle et de béton, ce qui représente une nouvelle fois un grand défi pour Christian à la sonorisation. Le concert est fortement applaudi, et nous observons avec plaisir les quelques gars qui chantent des refrains avec nous.
Sans craindre les distances, nous décidons de traverser le quartier portuaire, où bidonvilles et hautes constructions modernes s’entrechoquent dans le soleil couchant.
Argentine 2007, 16 novembre 2007
16 novembre, Voyage vers Santa Fe, et concert dans le fief du padre Gabriel.
Le vendredi matin, avant de prendre la route pour Santa Fé, nous avons rencontré la déléguée de l’ambassade suisse. Très sensible à toute action humanitaire, elle montre un réel intérêt à l’action d’r2j.
Isabelle Peterson connaît bien les conditions carcérales de ce pays, elle nous encourage pleinement de profiter de « chaque porte qui s’ouvre. » Le départ de Buenos Aires a lieu dans le temps prévu et nous louons une fois de plus le confort du car, qui nous permet de nous détendre et de dormir selon le besoin de chacun.
Après 6 heures de route, dans une petite rue de Santa Fé, r2j décharge le matériel. Nous nous trouvons dès lors dans la paroisse du padre Gabriel, qui est lui à l’origine de notre venue dans ce pays.
La scène improvisée (comme à l’habitude) se trouve dans une petite salle de réunion, devant laquelle une grande table est dressée avec boissons et douceurs. Une fois de plus nous sommes sous le charme de l’accueil argentin si chaleureux qui renouvelle notre énergie et nous touche. Un public de tous âges, volontaires dans la paroisse et amis du père Gabriel, a pris place dans la salle bien avant l’heure et assiste avec curiosité aux réglages de la technique.
Le concert se passe bien et fut une excellente opportunité de présenter notre travail dans cette région. Il finit dans une ambiance festive et c’est autour d’un verre de «P’tite Arvine » importée de Suisse, que le groupe partage la joie du valaisan qu’est le père Gabriel.
Argentine 2007, 17 et 18 novembre 2007
17 novembre, rencontres, concert, et 18 novembre, journée de détente.
Le matin libre a permis à chacun de vivre à son rythme On fait connaissance des quartiers les plus proches de la ville et d’un parc avec sa piste vita pour les quelques sportifs du groupe.
Le repas de midi copieux et délicieux avec le père Gabriel fut un précieux moment de partage. Aussitôt nous poussons les tables et laissons place aux enfants des quartiers pauvres qui avaient assisté au concert la veille et qui ont tenus à venir nous montrer leur spectacle. Nous assistons ensemble à leur animation, composée de 10 garçons battant le tambour (grosse caisse improvisée avec tonneau plastique) et d’un accompagnement d’une petite troupe colorée de filles qui dansent sur des rythmes sud-américains. Leur prestation est tirée du Murgas, une danse invoquant la protection ainsi que l’opposition au mal. Une grande fierté se lit sur leurs visages et ils aiment rester avec les musiciens. Joane notre traductrice a fort à faire.
En route pour le village St.Geronimo del Sausse, à 45 min. de car, où nous sommes invités à jouer pour la fête du village.
Lorsque la scène de l’immense salle est prête, nous prenons part à la messe dans l’église à côté. Message touchant du Padre Gabriel, en partie traduit lui-même en français pour r2j. La participation de nos chanteurs (deux gospels a capella) agrémente la messe.
De gros et magnifiques cumulus annoncent l’orage, alors que la soirée démarre. Il éclate sans tarder et des trombes d’eau se déversent, sans épargner l’immense grillade dans la cour. Au cinquième morceau de musique, c’est la panne totale d’électricité. Plongés dans le noir complet pendant 20 minutes, pas de panique. Xavier et Jeremy sont les seuls avec la batterie à pouvoir séduire dans le noir…Suite à la panne d’électricité, à notre soulagement, aucun appareil n’a été endommagé.
Une fin de concert tardif, suivi des danses folkloriques de la région
qui s’avèrent être des danses suisses, aux noms suisse allemands de surplus. La tradition des suisse immigrés au nord de l’argentine est maintenue par les descendants et les enfants commencent très jeunes à connaître parfaitement les pas.
Lorsque le dernier groupe commence à jouer sur scène, c’est aussi le dernier moment pour nous de démonter notre matériel c’était sport.
Arrivée à l’hôtel à 03h15, la nuit fut courte. En effet, ce dimanche 18, nous avions rendez-vous à 11h00 précise pour une journée de détente dans un magnifique complexe de vacances à 1 heure de Santa Fe, offert par la compagnie de transports. Grillades, piscine, promenade en bateau, match de foot Argentine-r2j agrémentent notre journée. Nous avons tout le temps d’admirer les étendues de paysages et d’immenses cours d’eau. La verdure est abondante et généreuse et dans les étendues de prairies chevaux et troupeaux de vaches et des quantités d’oiseaux de toute sorte. Nous sommes ravis de prendre un peu de repos après cette première semaine de tournée.
Argentine 2007, 19 novembre 2007
19 novembre: deux concerts, un parmi à l’école St.Louis Gonzaga, dans les quartiers les plus pauvres de la banlieue de St. Fé., l’autre dans une prison de femmes.
Ce matin, nous étions dans l’école St Louis Gonzage, dans un quartier défavorisé, un des plus pauvres de la banlieue de Santa Fe. Peu avant 11h, nous avons monté le matériel par un soleil en plein zénith.
Un nombre considérable d’enfants ainsi que leurs professeurs s’installaient en nous regardant avec des sourires mêlés d’excitation.
Le concert a commencé peu de temps après, nous étions au soleil et les enfants étaient tout autour de nous. Certains venaient devant et dansaient avec nous, bravant la chaleur.
Un bon contact s’est installé entre les enfants, les professeurs et le groupe. Sven témoigne : « Pendant que je suis en train de rapper, un enfant se place devant moi et se met à faire du breakdance… il me fait pleurer mais je continue. Cet échange Hip Hop pur venant des tripes est vécu avec le coeur. Je prends conscience de la réalité de ces quartiers oubliés
Je donne tout ce que j’ai au micro !! »
Nous avons tous signés des autographes sur des bout de papiers, des tee shirt, des mains, des bras, … Ce fût un concert mémorable, riche en émotions.
Dans la lancée, nous avons enchainé avec un deuxième concert dans une prison pour femme à Sante Fe. Malgré une entrée dans la prison pénible, le concert s’est déroulé dans une ambiance festive. Les prisonnières, les gardiens et gardiennes ainsi que le groupe ont tous vibrés au son de la musique. Plusieurs morceaux ont dû être rejoués à la demande des détenues à la fin du concert. Le départ de la prison se passa mieux que l’entrée avec des remerciements chaleureux de la part des gardiens.
Une détenue nous a dit : « J’ai chargé les batteries pour quelques semaines avec votre concert. »
Argentine 2007, 20 novembre 2007
20 novembre : prison d’hommes Los Flores
Nous avons passé la première nuit dans le nouveau logement à env. 1 km. de la pastorale de Santa Fé. Dans cette grande maison qui résonne, nous trouvons repos, détente et surtout la douche en rentrant de nos journées.
Des imprévus nous font vivre quelques moments de stress par rapport à la sécurité de nos biens, mais nous avons bien envie de relever le défi et d’aller avec le sourire et la bonne humeur atteindre notre objectif du jour.
Il fait très chaud, nous devons nous rendre à l’évidence que nous passerons dorénavant des journées à transpirer. Quelle aubaine de voir quelques hommes aider au transport des lourdes « baffles ». Avec un car, où la climatisation est en panne, nous faisons le trajet de 30 min pour nous arrêter devant la grande prison d’homme Los Flores.
La fouille est minutieuse et stricte à tel point que même nos bouteilles d’eau sont reniflées.
A l’intérieur de cette enceinte impressionnante, nous attendent de longs couloirs grillagés, des visions de barreaux partout et une surveillance forte jusqu’à l’endroit du concert.1200 prisonniers vivent ici, dans des cellules à une ou deux personnes, mais le bâtiment est vétuste et en partie insalubre.
Dans ce patio immense orné de quelques grands arbres, sous lesquels de petits groupes d’hommes nous attendent. Certains à l’allure plutôt rude, sourient et accueillent la musique avec un immense plaisir qu’ils expriment sans peine. Ce groupe d’environ 80 hommes est habitué d’avoir de temps en temps une animation, organisée par les aumôniers, mais certainement pas de groupe musical aussi équipé qu’r2j. Deux dénominations religieuses, catholiques et évangéliques sont représentées.
Suit un moment convivial de partage autour du repas, pendant lequel les prisonniers nous servent une immense pizza et de la salade, préparée par leur soin. Ce n’est que les jours de visites inhabituels comme aujourd’hui, qu’ils profitent d’un si bon repas.
Autour d’une guitare les détenus entonnent des chants d’amour populaires ; nous sommes à notre tour spectateurs de leur manière de chanter et de leur joie. A ceci s’est ajoutée une courte visite de leur bibliothèque et d’une petite « salle » de théâtre.
Après cette journée épuisante, c’est avec plaisir que nous nous retrouvons à la casa El Calvario, et l’idée de manger ensemble les pâtes arabiata de Nicola enchante la troupe.
Argentine 2007, 21 novembre 2007
21 novembre : deux concerts à la prison de Coronda, sombre, lugubre, glauque …
Au reveil Sandrine est malade, ne participera pas aux concerts, Katharina reste avec elle à la casa.
C’est le départ pour la prison de Coronda, à une heure de route de Santa Fe. A l’arrivée à la prison nous sommes sous la pluie. Le Père Daniel nous accompagnera tout au long de la journée, et pendant les deux concerts. Vers 10h30, nous entrons dans le premier pavillon(98 personnes font partie du pavillon, au concert, à peu près 50 personnes), et là, il n’y a plus d’illusions, plus de belles chapelles, nous débarquons dans la réalité de chaque prisonnier :un univers qui fait mal, sombre, sale, poisseux.
Description d’un pavillon : un long couloir, de chaque côté les cellules des prisonniers, au centre, quelques tonneau coupé en deux qui font office de poubelles, un étage supérieur avec la même configuration pour les cellules et une passerelle au centre pour pouvoir descendre. Le concert se passe dehors, dans le patio attenant au pavillon. Il y avait une certaine agressivité, certains voulaient toucher à tout (René a presque dû leur montrer quil faisait 100 kilos, dixit René !!!), mais à la fin du concert, beaucoup de reconnaissance et de joie, une certaine détente aussi. Sortie du premier pavillon, ou nous croisons les chariots de nourriture pour les prisonniers, spectacle assez effrayant (viande à moitié cuite, quantité insuffisante,..)
Le temps de manger et boire quelque chose, nous attaquons le deuxième concert. Même univers mais dans un autre pavillon. Moment fort quand René s’adresse au prisonnier qui participe à travers les barreaux du premier étage. L’ambiance plus détendue, le soleil est revenu. A la fin du concert, un détenu nous offre les paroles d’une chanson qu’il a écrite : « je veux la paix ». Ensuite, René, Patricia et Joane vont participer à une interview de la radio qui se trouve dans la prison, qui est diffusée autant dans la prison que en dehors. Elle existe depuis 21 ans, et ça fait 1 année et demi quelle est installée dans la prison. Collaboration avec les prisonniers.
Retour à la Casa de Retiro à 20h heures. Joane
Argentine 2007, 22 novembre 2007
22 novembre : deux concerts dans des écoles
Sandrine est guérie, et c’est Nicola qui a le dos bloqué depuis hier soir. Avec médicaments et les bons massages de Xavier à l’appui il sera apte à jouer avec l’équipe.
Nous demandons plus d’aide pour les transports de la sono.
Petit trajet pour débarquer dans une très grande cour, devant le complexe du collège de Ceferino, poussiéreuse mais ombragée par d’immenses arbres. Le courant électrique sera pris dans un atelier de menuiserie, devant lequel nous installons une scène spacieuse.
Le vent soulève de grands nuages de poussière brune qui se dépose doucement sur tout ce que nous avons sorti de nos caisses.
Des centaines d’enfants arrivent classe après classe, chacun avec sa petite chaise sur la tête ou sous le bras.
Dans cette école primaire sont enseignés environs 2000 enfants et entre 600 et 700 seront présents pour écouter le concert.
Certains s’assoient non pas devant les hauts parleurs mais aussi près que possible de la batterie qui fascine toujours beaucoup les garçons. Lorsque Sven invite les jeunes rappeurs à danser pendant sa chanson, c’est une foule d’enfants qui se presse autour de lui, et les filles aussi perdent un peu leur timidité et dansent avec Sandrine et Shirley. Plusieurs des professeurs expriment leur admiration et leur joie. Admiration pour notre venue sur place, qui leur fait plaisir et joie pour avoir passé un très bon moment. Il s’ensuit une longue séance de signatures des artistes et lorsque tout le monde est parti, arrive tout transpirant un garçon voulant obtenir à la dérobée des noms sur son T-shirt.
Le responsable nous amène pour le dîner dans une cabane et nos yeux une fois habitués au peu de lumière nous découvrons et mangeons des délicieux empanadas (chaussons à la viande).
Le déplacement entre deux concerts permet quelques minutes de sieste dans le car.
Le concert de l’après-midi se passe dans une place au milieu d’un quartier pauvre et à risque dans « la casita de los Chicos». 40 enfants visiblement avec de gros problèmes de comportement dont certains avec des situations familiales tragiques, sont assis devant nous, une dizaine ne tiendront pas en place.
Le montage est rapide sur ce terrain bétonné en plein air. L’ombre est en train de prendre plus de place et nous met à l’abri de la grosse chaleur. Quelques enfants se laissent entraîner à la danse et la petite troupe s’anime un peu plus lorsque le rap déferle sur la place. Notre plaisir est le même que le matin avec la foule d’enfants, et nous sommes heureux d’entendre dire des éducateurs qu’ils sont encouragés par ce concert, et par le fait que nous soyons venus dans leur petite école.
Ici pas de signatures, mais quelques photos avec des téléphones portables. Difficile d’éviter que ces enfants blessés par la vie viennent toucher la batterie, les micros et tout ce qui «brille» à leurs yeux, mais ils se portent volontaires pour porter nos affaires. Inévitablement, nous quittons ces lieux parfois le cœur lourd, mais heureux de tout ce que nous avons pu leur apporter.
Argentine 2007, 23 novembre 2007
23 novembre : dernière soirée à Santa Fe, concert à l’Unité pénale d’Oconnor
Nous avons vécu la dernière soirée à la casa de Santa Fe, dans une tonne de bonne humeur.
Le jour se lève et les valises remplies se referment pour la prochaine étape. Nicola règle nos factures de la semaine, et nous quittons la maison vers 12h. Les nouvelles du Padre Gabriel sont bonnes, après son opération d’hernie discale du jour précédent. Il est déjà assis et a pu marcher sans avoir mal. Le dîner avec les volontaires à la pastorale est un plaisir et nous permet de nous brancher sur Internet pour le courrier et d’imprimer d’urgence les paroles de quelques chansons. René doit être soulagé du travail de chant, car il souffre sérieusement de la gorge, pas question de fatiguer la voix. Le groupe se prépare, s’adapte et improvisera au mieux pour le concert d’aujourd’hui.
Nous embarquons sous la pluie et nos deux fidèles chauffeurs nous conduisent à la prochaine prison, près de Parana à l’Unité pénale d’Oconnor. Une prison comme les autres avec une grande enceinte blanche et les barbelés autour, mais à l’intérieur quelques jardins et un grand parc arborisé. A 17h précises les prisonniers arriveront dans ce parc.
Le montage est fait en un temps record dans un terrain herbeux. En général après le montage nous nous essuyons tous les mains, car les câbles sont poussiéreux… une tendre odeur de lingettes Pampers plane alors et fait sourire certains
Nous sommes obligés de nous habiller plus chaudement, un vent froid souffle et entraîne quelques difficultés à faire tenir les feuilles. Le gaffer et un gros couvercle de flight case viennent au secours de Nicola et Shirley.
L’équipe s’en sort bien malgré ces changements de dernière minute et René intervient juste pour parler et transmettre « l’indifférence ». Un public composé d’environs 70 détenus nous écoute attentivement tout en sirotant le maté.
Un détenu très bien habillé s’intéresse aux instruments et la technique et veux savoir tous les prix, se dit être musicien lui-même : « Je ferais tout, pour pouvoir jouer avec vous. »
Autant le contrôle à l’entrée était succins, autant nous sommes surveillés pendant le concert par des gardes bien armés omniprésents.
De retour au car, Patricia et les chauffeurs nous ont préparé un pique-nique et des boissons chaudes. En peu de temps chacun prend sa couverture et se prépare à passer la nuit en roulant… non pas sans avoir joué un moment sur une table improvisée au 421 pour les initiés.
Argentine 2007, 24-25 novembre 2007
24-25 novembre : long trajet vers San Iguacio Mini, journée de congé bienvenue
Sur la route nous nous régalons d’un bon repas argentin; le « santé » résonne fort à notre plus garnd plaisir.
Quasiment tout le monde réussira à dormir, car les deux chauffeurs nous donnent totale confiance et le voyage fut agréable. Les dernières heures de route se passent sous une forte pluie et au petit matin, nous découvrons la verdure abondante de cette région appelée aussi Mésopotamie. A San Iguacio Mini nous trouvons abri et petit déjeuner en attendant la libération de nos futures chambres d’hôtel. Lentement le petit village aux larges rues goudronnées, les trottoirs pavés de rouge comme la terre autour, se révèlent à nos yeux et nous savons que nous sommes dans le nord. Nous allons à la découverte des petites échoppes pour touristes… (aux prix élevés pour l’Argentine), des taxis sans compteur et d’une nature exotique débordante.
Le matin du 25 le ciel est bleu c’est une journée bienfaisante de congé qui se passe aux jeux, à communiquer sur internet, d’en-cas au bar et l’on se repose à l’ombre.
Le concert prévu pour ce jour n’a pas lieu pour cause de conflits internes à la prison. Ceci est bienvenu pour René dont la voix se repose en même temps.
Argentine 2007, 26 novembre 2007
26 novembre : concert émouvant dans une prison de la région des Misiones
Nous logeons quatre nuits à San Igniaco Mini, une ville de 11000 habitants sans intérêt au niveau touristique mais centralisé pour les 4 prochains concerts que nous ferons dans cette région.
Après deux jours de repos, nous allons enfin pouvoir faire le premier concert dans une prison de la région des Misiones. L’enceinte de cette prison est assez aérée, entrecoupée de deux miradors. L’accueil plutôt souriant des gardiens comme du directeur nous met en confiance. Nous montons à pied les derniers 100 m et passons des contrôles rapides et détendus. En deux temps trois mouvements la scène est en place dans la grande cour rectangulaire entourée de cellules. Les vieux murs roses, illuminés par le soleil du début d’après-midi portent des traces de toutes sortes. Une fois que nous sommes prêts, notre public entre, se place près de la scène mais dans les limites autorisées par les gardiens. Sur la passerelle à la hauteur du toit quelques gardiens armés assistent à l’évènement.
Sur 300 hommes détenus, deux cent se sont installés sur les bancs ou des strapontins de fortune au soleil. Les prisonniers n’ont probablement pas le droit de se lever, mais nous soutiennent beaucoup par les regards, les bras levés, et les applaudissements. Nous lisons beaucoup de reconnaissance sur leurs visages comme sur ceux des gardiens.
Durant «l’indifférence», moment fort à chaque fois, les prisonniers interrompent par des applaudissements et des cris, ce qui provoque chez certaines personnes du groupe une forte émotion qui se traduit par la chair de poule ou par des larmes et qui oblige René à placer les derniers mots non en douceur mais à pleine force.
Un détenu nous remet un grand parchemin avec une dédicace aux noms des prisonniers avec un discours de remerciement à l’appui.
En sortant, nous sommes physiquement éprouvés, néanmoins, notre motivation est plus que renouvelée.
Amitiés Ka, Jeremy et René.
Argentine 2007, 27 novembre 2007
Deux concerts ce jour : une prison, et la place devant l’hôtel où nous logeons – ameutant plus de monde que pour la dernière campagne électorale !
En moins d’une heure de route, qui finit en terre battue, le car s’arrête devant l’unité fédérale de Candelaria. Dans ce cadre campagnard, les détenus vivent dans plusieurs bâtiments peints en jaune, entourés de jardin fleuris et … de hautes barrières et barbelés.
Les contrôles sévères commencent dans le car et c’est des gardiens peu souriants qui nous accompagnent d’un sas grillagés à l’autre. Ici vivent 300 prisonniers dont presque la moitié sont des étrangers, en détention préventive ou en exécution de peine. Ces hommes, de tous âges, ont la possibilité de travailler en cuisine, dans la menuiserie, et en préparation d’herbe à maté, qui est même vendue à l’extérieur.
L’aumônier nous accueille dans un grand local vide, mais par son sourire et celui des détenus, ces lieux prennent une forme plus humaine. Vu la grande chaleur, toutes les fenêtres sont ouvertes et les personnes qui ne seront pas spectateurs directs pourront aisément entendre la musique autour. L’équipe s’adapte une nouvelle fois à la circonstance présente, Nicola ne pourra pas chanter et c’est Sandrine qui prend les couplets de « knock knock » en charge. Sans doute, ces hommes aux visages marqués ont reçu nos encouragements, et les remerciements sont chaleureux.
De retour à l’hôtel, une pause au jardin s’impose. Nicola comme René ont eu droit à une consultation médicale ce jour. C’est à la nuit tombante que nous installons une deuxième fois de la journée la scène, cette fois juste devant l’hôtel. Il s’agit d’une grande place pavée, qu’un français à fait construire en pensant à Paris. C’est sa petite fille devenue âgée, qui nous raconte cela lors de la soirée. Le concert se déroule à la lueur des réverbères mais le public est présent dans la pénombre et augmente au fur et à mesure des morceaux.
Autour de la place beaucoup de voitures se sont parquées et les gens écoutent avec étonnement le son qui déferle. C’est pour nous une bonne occasion de présenter aux gens que nous côtoyons ici, ce que fait r2j dans la région. Nous apprenons que notre concert organisé à l’improviste à réuni plus de personnes que la dernière campagne électorale.
Nous avons apprécié ce lieu, les gens nous ont servi avec simplicité et sourire, en particulier lorsque nous faisons des efforts incommensurables pour nous exprimer en leur langue…
Argentine 2007, 28 novembre 2007
Un concert dans une prison aménagée spécialement pour que tous les prisonniers puissent assister à notre concert !
Jamais nous ne sommes arrivés dans une prison où notre arrivée était préparée comme aujourd’hui, dans l’unité pénitencière III d’Eldorado.
Les photos seront éloquentes illustrant les deux heures vécues sous ce soleil du nord du pays ce jour.
Nous apprenons après le concert, qu’un des directeurs de cette prison est aussi responsable pour toute la province et il nous a vus à l’œuvre quelques jours auparavant. Suite à cela il a convoqué des dizaines de gardiens (180 en tout) augmentant l’effectif pendant le concert d’r2j. Cette décision permettait de réunir tous les prisonniers ensemble à l’exception de ceux qui étaient malades. Pas besoin d’expliquer combien nous étions heureux de cette organisation,
nous n’en croyons pas nos yeux, en découvrant la grande place de sport transformée en « salle de spectacle »… Fabrizio et Christian sont un moment sous pression pour l’installation avec quelques soucis de branchements électriques. Presque 300 personnes prennent place dans un ordre bien précis, et sans dérogation possible. Nombreux sont les « matés » dans les rangs et deux détenus portent un tonneau d’eau, qui permet de puiser cet or blanc, pendant le temps que dure le concert. Les musiciens, les prisonniers et les gardiens sont de plus en plus exposés au soleil. Ça chauffe !! Notre public exprime sa joie et le plaisir avec les bras levés, de plus en plus fort et se met debout à la fin. C’est avec grand soulagement que nous acceptons qu’une équipe de détenus nous aide pour le déplacement des colonnes. Tout s’est déroulé dans un ordre méticuleusement planifié et c’est avec reconnaissance que nous nous laissons inviter à la fin dans la petite salle avec les autorités, où une table était dressée pour nous, en guise de remerciement.
Nous n’oublierons pas le moment de la remise du document de reconnaissance, signée par les autorités pénitencières de la province de Misiones, accompagner de deux maquettes de bateaux construites par les détenus. Le directeur souligne dans son discours, combien ils ont apprécié notre venue de si loin et le sérieux de notre prestation.
Argentine 2007, 29-30 novembre 2007
Derniers jours, dernier concert…
C’est autour d’une grande table dans un jardin que nous remercions Patricia pour l’organisation et son dévouement pour nous.
A 00h30 nous quittons San Ignacu, et Avelino et Richardo accueillent une équipe joyeuse mais bien fatiguée. Nous avons marché toute la journée à la découverte des merveilles naturelle que sont le parc naturel et les chutes d’Iguacu.
Après un copieux repas il n’y a qu’une chose à faire – chercher au plus vite le sommeil dans le car. Nous roulons vers le sud toute la nuit et nous arrêtons vers 9h du matin pour un café.
Arrivés à Concordia à environ 300 km de Buenos Aires, lors du dîner nous faisons la connaissance du Padre Ramon. Il nous introduit dans la prison Unité provincial de Concordia pour les derniers concerts. Nous rencontrons un terrain poussiéreux appondu à la prison et couvert de tôle ondulée. Quelques ouvertures à barreaux ont vue directe sur « la scène » et les prisonniers derrière rient sans gêne à nous voir dénouer des câbles. Au début les tôles nous renvoient sans pitié le son
nous ferons un demi concert en première partie, car les 20 détenus n’ont pas le droit de rester plus longtemps qu’une demi-heure. Nous sommes en face de personnes jeunes et très contentes dès le départ. Nous enchaînons aussitôt avec le concert suivant au complet, avec beaucoup d’entrain, de plaisir et de « punch »… le dernier de la tournée. Une trentaine d’autres jeunes sont devant en partie assis et sautent ensemble au rythme des morceaux.
La joie est présente sur tous les visages et une série d’embrassades suit entre eux et René surtout, après le morceau « l’indifférence ». L’équipe est priée de signer les T-shirts et les relance vers cette ouverture à barreaux. Les photos de ce dernier concert se trouvent.
Nous sommes heureux d’avoir pu leur laisser une bonne dose d’énergie, de la bonne musique, le sentiment d’existence et la certitude que nous sommes venus pour eux.
Une mission qui prend bientôt fin c’est le partage du matériel sur le trottoir devant la prison. Après la douche offerte à la pastorale, nous reprenons la route pour Buenos Aires.
L’ambiance est à la fête et à la reconnaissance pour le riche vécu de cette tournée Argentine.
J’ai eu un immense plaisir à donner les news, soutenue par l’équipe, au fur et à mesure des trois semaines. Si vous avez eu l’impression que les choses se répétaient, pensez bien que nous avons à chacun de nos 17 concerts fait les mêmes gestes avec le même entrain.
La nuit est tombée sur l’Argentine, R2J est sur la route…
Amitiés Katharina